Lotus Elise

Production :
8613 exemplaires (dont Sport 135, 160 et 190) à partir de juin 1996

Motorisation :
4 cylindres 1.8 Rover 120 chevaux

Particularités :
1992, Hethel. Un ingénieur vient de se voir refuser l’achat d’une moto par sa femme et va alors travailler sur un projet d’auto sans portières. Durant les deux années qui suivent, le projet va avancer rapidement. En décembre 1994, le châssis était roulant et 6 mois plus tard, en juin 1995, le premier prototype était prêt. Entre temps, l’auto aura gagné deux portières. Au salon de Francfort en septembre 1995, c’est le prototype numéro 2 qui est exposé. Le projet nommé en interne 111 (one eleven) devient Elise, comme la petite fille du récent propriétaire de la marque Romano Artioli.

Son châssis en aluminium est réalisé par la société Norsk Hydro ASA au Danemark et est composé de 27 sortes de profilés qui sont collés entre eux, pour un poids total de 68 kg. La colle utilisée a été développé par le suisse Ciba Polymers. En 1998, Hydro rapatriera la production sur son site de Worcester en Grande-Bretagne et c’est à ce moment que la colle, verte à l’origine, passera au orange. La carrosserie est en fibre de verre et le moteur vient de la grande série : Rover 1,8 120 chevaux. La puissance est modeste mais avec son petit gabarit (3m73 de long, 1m70 de large hors rétroviseurs et 1m15 de haut) et son poids très limité (723 kg), l’Elise est une vraie sportive.

Du premier trait de crayon à la mise en production, le budget aura été de seulement 4,5 millions de Livres. Initialement, l’Elise était destinée à une petite production (moins de 1000 véhicules par an). Le mois de sa présentation, Lotus enregistrera 3500 commandes… Elle sauvera Lotus d’un point de vue financier et, au moment de l’écriture de cet article soit 25 ans après sa présentation, elle fait toujours partie de la gamme, n’ayant connu que des évolutions.

Elle est équipée de jantes 15 pouces à l’avant chaussées en 185/55 et 16 pouces à l’arrière en 205/50. Les 3714 premières Elise (soit jusqu’en juin 1998) disposeront de disques de frein MMC (Metal Matrix Composite). Cette caractéristique est tellement différenciante qu’on a tendance à parler, par abus de langage, de l’Elise MMC alors que celle-ci n’a jamais été un modèle à part entière dans la gamme. Conçus par AP Racing et fournis par Advanced Metallic Composite (AMC), ces disques étaient composés d’un mélange de carbure de silicium (une céramique) à hauteur de 30% et d’aluminium fondu puis étaient ensuite coulés (par Lanxside au Delaware) et usinés (par Brake Parts dans l’Illinois).

Les avantages principaux étaient le gain de poids de presque 50% par rapport à des disques en acier (de l’ordre de 10,6 kg économisés pour les 4), une bien meilleure dissipation thermique et le fait qu’ils ne s’usent pas (durée de vie théorique supérieure à 100.000 km). Ils présentaient aussi quelques inconvénients : une mauvaise résistance lors de fortes sollicitations sur piste par exemple (c’est d’ailleurs pour cela que l’Elise Sport 190 sortie en novembre 1997 optait déjà pour des disques en acier), de même qu’une efficacité moindre lors des premiers freinages, notamment par temps humide ou après une forte montée en température. Ils pouvaient également se montrer bruyants.

Pour l’anecdote, des disques MMC furent également utilisés sur le train arrière des Chrysler Prowler. On évoque l’arrêt des disques MMC car le fabricant aurait déposé le bilan, mais il est plus vraisemblable que leur coût de production réel (Lotus avait négocié un tarif sur les 2000 premiers jeux) ne soit pas étranger à cette décision. Surtout, cela permettait de rationaliser les approvisionnement avec un seul de type de disque (en acier donc) pour toutes les Elise, qu’elles se destinent à la piste ou non.

Les 5721 premières Elise eurent également droit au capot moteur en aluminium. Il sera remplacé par un modèle en fibre de verre lors de l’apparition de l’Elise 111S, début 1999.

Les premières livraisons de l’Elise S1 se feront en juillet 1996. Il faudra attendre 2 mois de plus pour la France où elle était alors vendue 165.000 Francs TTC, l’équivalent de 34.000 € en 2020. Toutefois, certaines autos de pré-production furent immatriculées en amont (dès août 1995), la plus ancienne d’entre elles encore sur roues aujourd’hui ayant sa carte grise (V5 en Angleterre) datée du 3 janvier 1996. Il semblerait qu’il s’agisse du 14ème châssis et après avoir débutée sa vie avec 120 chevaux, cette S1 a servi de base au développement de la version 135 chevaux. Elle a également été la première Elise à abandonner les disques de frein MMC au profit du modèle en acier. En 4 ans d’appartenance à Lotus Cars, elle aura parcouru plus de 100 000 miles. C’est un ingénieur de la marque qui la rachètera et la conservera 20 ans durant avant qu’elle ne devienne la propriété d’un passionné membre du TheLotusForums en août 2021. Ce qui est surprenant, c’est que son VIN ne correspond pas à la nomenclature utilisée sur les S1 de production et que son châssis est frappé de la mention « LOTUS PROTOTYPE ». C’est une pièce maîtresse de l’histoire d’Hethel !

Crédit photos : Lotus Elise – The Inside Story

8.613 exemplaires auront été produits durant 6 ans (année de production et non année-millésime) :

AnnéeExemplaires
1996432
19971.955
19983.031
19992.030
20001.148
200117

Les tous premiers exemplaires d’Elise S1 voyaient le retour du circuit d’eau passer dans un tube en aluminium au plus proche du collecteur d’échappement… Ce qui n’était pas idéal d’un point de vue thermique. Une évolution sera rapidement proposée avec des durites passant en bas plutôt qu’en haut. Un kit de conversion existe par exemple chez EliseParts et très rares sont donc les autos toujours équipées du tube supérieur en alu.

Crédit photo : ClassicAndSportsCar

En tout, 702 Elise S1 LHD millésime 1997 seront produites, dont 35 en Calypso Red. Toujours pour l’année-modèle 1997, ce sont 761 autos qui seront destinées au marché britannique dont 97 en Solid Norfolk Mustard (code peinture B05).

Sources : KGF Classic Cars, Boostage, LotusTalk, AutoNews, Elises, Cult111

Sun International Racing

La Lotus Elise S1 ne pouvait pas être importée et homologuée aux États-Unis notamment pour des questions d’émissions polluantes du moteur Rover. La compagnie SIR (Sun International Racing) avait trouvé une solution pour contourner ce problème : remplacer le moteur par celui d’une Acura Integra Type R, le fameux B18 homologué aux USA. Le numéro de châssis Lotus était alors remplacé, j’aurai l’occasion d’étoffer cet article à ce sujet 🙂


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